En France, nombre de femmes hésitent toujours à se tourner vers des alternatives viables, comme le vapotage, pour arrêter de fumer durant leur grossesse. D’après une étude de Santé publique France, publiée le 9 septembre 2024, 13 % des mères d’enfant de 5 ans ou moins en 2021 ont ainsi déclaré avoir continué de fumer en étant enceinte. Pour le Dr Marion Adler, interrogée par BFMTV, il y a urgence à sensibiliser, à rassurer et surtout, à lutter contre ces idées reçues qui persistent. Explications.
Grossesse et tabagisme : des chiffres toujours trop importants
Par rapport aux dernières données relevées par Santé publique France sur l’année 2017, peu de changements ont été observés en 2021.
C’est ce que nous apprend malheureusement le dernier rapport de l’agence de santé française sur la “Consommation de tabac et d’alcool pendant la grossesse”, publiée le 9 septembre 2024 [1].
Lors de la prise de connaissance de leur dernière grossesse, 24 % des mères d’enfant de 5 ans ou moins interrogées ont en effet indiqué qu’elles étaient fumeuses (contre 28 % en 2017).
Parmi elles, 7 % ont arrêté dès la grossesse connue (contre 8 % en 2017) et 4 % au cours de leur grossesse (contre 6 % en 2017).
À contrario, 12 % ont déclaré avoir diminué leur consommation (un chiffre stable par rapport à 2017) et 1 % n’avoir rien changé à leurs habitudes (contre 2 % en 2017).
Aussi, au total, plus d’une femme sur dix a continué de fumer durant l’ensemble de sa grossesse (13 %).
Des proportions qui ne sont “pas significativement différentes de celles estimées en 2017” note Santé publique France.
Même constat, poursuit l’institut, du côté du suivi effectué par le corps médical (médecins et sages-femmes) sur ce point.
Si 67 % des mères d’enfant de moins de 5 ans interrogées ont déclaré que le médecin ou la sage-femme qui les avaient suivis durant leur dernière grossesse les avaient alors informées de l’impact éventuel du tabagisme sur leur grossesse et leur enfant, plus de trois femmes sur dix n’ont donc pas bénéficié de telles informations en 2021.
Pire encore, certaines ont reçu de la part de ces praticiens des informations que l’on sait erronées depuis longtemps et qui les ont conduit à continuer de fumer plutôt que d’envisager d’autres solutions.
Dangers et arrêt du tabac durant la grossesse : encore trop de mésinformation
Grossesse extra-utérine, fausses couches, retard de croissance, bébé prématuré ou encore troubles respiratoires à la naissance… on connait malheureusement aujourd’hui trop bien les méfaits du tabac fumé sur le déroulement d’une grossesse et sur la santé de la mère comme de l’enfant à naître. Arrêter complètement la cigarette est donc une priorité pour une femme enceinte fumeuse.
Pourtant, certains praticiens continuent de véhiculer malgré eux de dangereuses idées reçues.
Les plus éminents addictologues et tabacologues français, à l’image du Dr William Lowenstein, du Pr Bertrand Dautzenberg ou encore du Dr Marion Adler, continuent de le marteler : rien n’est plus nocif que le tabac fumé durant une grossesse.
En outre, réduire sa consommation de cigarettes ne suffit pas à supprimer les nombreux risques liés à la combustion (et ne les réduit pas pour autant) et préférer conseiller à une patiente de fumer plutôt que de se tourner vers tout autre alternative sans fumée est profondément irréfléchi et dangereux, pour elle comme pour son bébé.
Le vapotage : une pratique tout à fait envisageable durant la grossesse
Au-delà des substituts nicotiniques donc, prescriptibles par tout soignant, qu’il s’agisse d’un gynécologue, d’un généraliste, d’une sage-femme ou d’une infirmière, le vapotage est une pratique tout à fait recommandable à une femme enceinte et fumeuse qui souhaite arrêter la cigarette.
“La cigarette électronique c’est infiniment mieux parce qu’il n’y a pas de fumée. La cigarette électronique, c’est de la vaporisation de nicotine, ça n’a rien à voir. Il n’y a pas de combustion. Donc une femme qui a arrêté de fumer avec la cigarette électronique avant sa grossesse et qui est enceinte et qui vapote, il vaut largement mieux qu’elle vapote plutôt qu’elle reprenne le tabac”
– Dr Marion Adler, BFMTV, 9 septembre 2024
En effet, aucune étude scientifique à ce jour n’a conclu d’effets néfastes du vapotage sur la santé des femmes enceintes ou de leurs bébés.
Au contraire, les études effectuées sont plutôt rassurantes, comme celle d’une clinique irlandaise parue en février 2020 : en comparant le poids de nouveau-nés (de mères fumeuses, vapoteuses et non-fumeuses comme non-vapoteuses), les chercheurs ont observé que les bébés dont la mère était vapoteuse exclusive faisaient en moyenne 3470 g (+/- 555 g) à la naissance, ce qui est similaire au poids moyen des bébés issus de femmes non fumeuses et non vapoteuses, à savoir 3471 g +/- 504 g. Ce, alors que l’on sait par contre que continuer de fumer durant la grossesse a un impact direct sur le poids des nouveau-nés qui était, lui, de 3166 g +/- 502 g.
En résumé
L’arrêt du tabac fumé est une priorité de santé pour tout fumeur, particulièrement les femmes fumeuses enceintes. Mais elles ne doivent aucunement être laissées face à elles-mêmes dans ce combat. Face au stress que représentent à la fois l’arrêt de la cigarette et une grossesse, les praticiens doivent absolument prendre le temps de leur fournir les informations et le suivi nécessaires.
Dans ce cadre, il est également de la responsabilité de l’État de leur fournir des indications claires et de participer à la mise en place de campagnes de prévention antitabac axées sur le véritable risque généré par chaque produit et composant. Particulièrement lorsqu’il s’agit d’informer sur la nicotine, substance addictive mais non cancérigène, et sur l’origine des dangers du tabac fumé (la combustion, non le tabac en lui-même).
Autrement dit, il est primordial que chaque femme fumeuse et enceinte ait connaissance de toutes les méthodes d’arrêt du tabac existantes à ce jour, sans exception. Et le vapotage en fait partie. Comme tout autre substitut nicotinique reconnu, il permet la délivrance de nicotine, substance responsable de la sensation de manque et indispensable au sevrage tabagique d’un fumeur.
Il en va de santé, comme de celle de son futur enfant.
Sources
[1] Santé publique France, Consommation de tabac et d’alcool pendant la grossesse, Résultats du Baromètre Santé publique France 2021, 9 septembre 2024, Édition nationale (version PDF téléchargeable)
[2] Voir l’émission “Grossesse et tabac : des chiffres inquiétants” du lundi 9 septembre 2024 sur bfmtv.com
[3] Témoignage vidéo à retrouver sur la chaîne Twitter (X) du professeur Bertrand Dautzenberg, 21 février 2022
Pour aller plus loin
Retrouvez plus d’informations sur les effets du tabagisme, du vapotage et de la nicotine sur la grossesse dans la vidéo et les articles suivants :
- Le communiqué de la SOVAPE sur le vapotage durant la grossesse, daté du mardi 24 juin 2020
- La conférence du Dr Marion Adler sur la vape, au 16e congrès international des Addictions Toxicomanies Hépatites et Sida (ATHS), le 24 octobre 2023
- Le dossier complet de JeSuisVapoteur sur l’état des connaissances scientifiques sur la vape durant la grossesse